Le Comte de Soubiras est l'auteur de l'ouvrage Fables originales ou imitées de divers auteurs, daté de 1851.
Adieu, doux mensonges d’Esope :L'Aigle et le Serpent
L'Oiseau qui avait trois Ailes
La Belle-de-nuit et la Rose
La Couvée
La Guêpe et l'Abeille
La Maîtresse de la Volière et l'Oiseleur
La Pie et le Rossignol
La Vieillesse, l'Amour et la Folie
Le Bœuf et la Cigale
Le Chardon
Le Cheval réformé
Le Limaçon
Le Loup et le renard
Le Papillon à un Scarabée
Le Pariétaire et le Thym
Le Singe et le Chien
Les deux Statuaires
Les Pêcheurs
Les Poissons volants
Les Tombeaux
Neptune et les Naufragés
Un Satrape au roi de Perse
Adieu, drames légers, qui bravez fièrement
Et le sceptre de Calliope,
Et la férule du pédant
Qui sut, pour le malheur de l’Inde et de l’Europe,
Du théâtre régler les mœurs
Mieux que celles de son pupille.
Adieu : n’espérez plus qu’une morale utile,
Sous les emblèmes séducteurs
Dont savaient la couvrir vos grotesques acteurs,
Puisse aujourd’hui faire fortune.
Par une jaserie ou frivole ou commune,
Quel style suffirait pour charmer des esprits
D’autres scènes témoins, frappés d’autres récits !
Quand l’Histoire contemporaine
De ses tableaux mouvants rembrunit les couleurs,
Et quand l’Opinion, fantasque souveraine,
De projets en projets, et d’erreurs en erreurs,
Précipite la race humaine,
II lui faut d’autres orateurs
Que le Merle ou le Geai, la Corneille ou l’Agasse ;
Il lui faut d’autres bateleurs
Que le Singe essayant ses tours de passe-passe.
Ah ! si, comme on le crut dans un âge grossier,
Si tout poète était vraiment sorcier,
J’aurais choisi des moments plus propices ;
J’aurais produit sous de meilleurs auspices
Ces vers qui pouvaient bien, la plupart vieux barbons,
Et vingt fois remis sur l’enclume,
Sortir plus tôt de leurs cartons ;
Ou me rendant, plus tard, un hommage posthume,
Des censeurs les plus inhumains
Réclamer les égards qu’on doit aux orphelins.
Mais non. Las d’un repos, où de mainte rature
Trop souvent ils souffraient l’officieuse injure,
Voilà qu’à ma tutelle échappés sans retour,
Mes vers se montrent au grand jour.
Et déjà le papier, tout moite de la presse
D’où sortent ces ambitieux,
Leur porte aussi, tracés aux marges qu’on m’y laisse ?
Et mes derniers conseils et mes derniers adieux.
Ah ! si j’eusse du moins aux enfants de ma plume
Prêté d’un nom connu le fantastique appui ;
Comme tant d’autres aujourd’hui,
Peut-être ils auraient vu leur fortuné volume
Du lecteur subjugué braver le long ennui.
A défaut de prôneurs, de cabale et d’intrigue,
Qu’à mon livre du moins de vœux je sois prodigue !
Et puisque, d’aventure, un grand nom a relui
Inscrit sur sa page dernière,
J’embrasse hardiment pour l’œuvre tout entière
Le fabuleux espoir de vivre autant que lui.