Nivet Desbrières (18^ème siècle)Toutes les fables

On le sait pas le prénom de Nivet Desbrières, professeur de Langues modernes. On lui doit l'ouvrage : Fables nouvelles, suivies du poème de Pyrame et Tysbé.

Extrait de la préface :

Plusieurs romanciers modernes, prévenus en faveur de leurs ouvrages, n'ont pas craint d'avancer que le roman l'emporte sur l'histoire même ; ne pourrais-je pas aussi prétendre que l'Apologue est préférable à l'un et l'autre ; mais sans considérer ici le mérite de l'histoire, cette fidèle interprétée du passé, j'ose affirmer que l'apologue, avec sa naïveté simple, est autant supérieur à tout écrit romanesque, que la pure vérité triomphe du mensonge le mieux coloré. Si La Fontaine ne nous eut laissé que des contes ou des romans, la postérité, en admirant son génie, regrettait qu'un homme si éclairé eut pêché par les mœurs ; peut-être même de nouvelles productions plus obscènes et ingénieuses seraient-elles perdre le souvenir des siennes ou obtiendraient au moins la préférence sur elles ; mais les fables sont autant de sages leçons où chacun peut s'instruire. C'est par elles qu'il s'est acquis la supériorité sur tout écrivain en ce genre et qu'il s'est frayé un chemin à l'immoralité.
Au reste, en comparant la riche moisson que la Fontaine a recueillie dans les fables d'Esope, avec cette légère brochure que je donne au public, je ne saurais mieux prévenir toute critique à ce sujet, qu'en prenant pour moi ces deux vers qu'une singulière modestie lui dit composer pour lui-même, au commencement d'une fable que l'on regardera toujours comme un chef-d'œuvre.

« Mais ce champ ne se peut tellement moissonner,
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner. »

De fait, Nivet Desbrières, dans son ouvrage a fait le choix de mettre en perspective ses propres compositions avec celles de La Fontaine, Commandeur indéboulonnable dans l'esprit de l'homme du XVIII^ème siècle.