Pierre Didot (1761 - 1853)Toutes les fables

Pierre Didot était un imprimeur. On lui doit un ouvrage du nom de Essai de fables nouvelles suivies de poésies diverses et d'une épître sur les progrès de l'imprimerie, par Didot fils aîné, 1786. Ce titre complet nous apprend plusieurs choses : Pierre Didot était poète, il tenait à se distinguer de son frère cadet Firmin, et il a travaillé à cet ouvrage tôt dans sa vie car, celui ci est imprimé quand Pierre n'avait que 27 ans (et il en a vécu 92 !). À titre personnel, j'aimerais beaucoup savoir de quoi a été fait le reste de sa vie. Nous compterons 34 fables écrites en un seul livre, présentée en intégralité ci-dessous.

Extrait de la préface, en forme d'avertissement :


La Fontaine me plut dès l'enfance ; je me livrai avec ardeur à l'étude de ses fables ; et j'étais surpris d'y découvrir chaque fois des beautés nouvelles et des finesses qui m'avoient échappé jusques là. Mais je ne m'en étonne plus ; La Fontaine est toujours nouveau pour ceux qui cherchent à 'approfondir. Souvent je me sentis comme inspiré par lui-même ; souvent je crus le voir s'offrir avec bonté à me servir de guide : enfin je me laissai persuader ; mais malheureusement pour moi l'illusion cessa du moment où je commençai. Vainement je voulais , comme La Fontaine , m'entourer d'animaux, je ne savais pas leur conserver leur caractère ; il me semblait qu'ils ne devaient pas pouvoir se reconnaître eux-mêmes. Je me sentais bien loin de cet intéressant abandon où il était toujours, où il fallait qu'il fût quand, par exemple, après nous avoir dépeint un vieux coq adroit et matois qu'un renard cherche à surprendre, mais que le coq, par une plaisante supercherie , trouve moyen de mettre en fuite, il nous dit :

Et notre vieux coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur.


A la place de ce fonds fertile de connaissances , qui répandait tant d'intérêt, tant d'agrément dans les fables de La Fontaine, je ne trouvai chez moi qu'un terrain sec et aride. Alors je m'effrayai de ma jeunesse ; mais je m'en effrayai bien davantage lorsqu'en relisant la fable du Loup et du Renard, adressée à M. le duc de Bourgogne, j'y vis clairement, à travers l'idée agréable d'un compliment flatteur, une vérité exprimée avec toute la force et toute l'énergie
qui la caractérisent. La Fontaine dit :

Ce qui m'étonne est qu'à huit ans
Un prince en fable ait mis la chose ;
Pendant que sous mes cheveux blancs
Je fabrique, à force de temps,
Des vers moins sensés que sa prose.


Non, ce n'est point sans beaucoup de peine que La Fontaine s'est acquis et qu'il conservera à jamais l'immortel surnom d'inimitable. Pour s'en convaincre il ne faut que pénétrer le sentiment qui lui dicta ce vers d'une si grande vérité :

Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.

Outre les connaissances que l'on peut acquérir par l'étude , il est encore mille occasions de s'instruire dans la conversation des personnes éclairées ; et il y a beaucoup à profiter, sur- tout pour des sujets de fables , dans de semblables entretiens.

C'est un parterre où Flore épand ses biens ;
Sur différentes fleurs l'abeille s'y repose,
Et fait du miel de toute chose.

[...]

On sera surpris peut-être que, paraissant sentir le mérite inappréciable de La Fontaine, j'aie pu risquer de faire des fables ; c'est que j'ai pensé que mes lecteurs ne voudraient point comparer l'ouvrage d'un élève avec celui d'un grand maître, ni chercher dans un essai de quelques fables sur des sujets nouveaux, ces grâces naïves répandues avec tant d'abondance dans le recueil heureusement volumineux des fables de La Fontaine.

1. Le Coq

2. Le Potier et le Maître d'École

3. La cour de l'Aigle

4. L'Abeille et le Frelon

5. Les deux Tourterelles

6. Le Chien de chasse

7. Le Cygne et ses Petits

8. Les Renards

9. Le Paon, le Rossignol, le Coq et le Dindon

10. L'Ambition et la Modération

11. La Raison et l'Instinct

12. Les Moutons

13. Le Serrurier et le Passe-Partout

14. Les Lapins aveugles

15. La Louve et le Lionceau

16. Les petits Serins

17. Les Cormorans

18. Le Lion, le Tigre et le Renard

19. Traits de grandeur d'âme

20. Trait de bienfaisance

21. L'Eclipse de Soleil

22. Le Moineau paré des plumes du serin

23. Le Pouvoir de la Sagesse

24. Le Taureau et la Chenille verte

25. Les Animaux devenus esclaves

26. La Course de Chevaux

27. L'Écureuil

28. L'Oranger

29. Le Rossignol et la Corneille

30. Les petits Chiens

31. La vue courte et la vue longue

32. Le petit Prince et son précepteur

33. Les Linottes

34. Les Fourmis


Épilogue

J'ai par Louis commencé mon ouvrage ;
Par Louis je l'ai terminé ;
Et de sa gloire environné
Puissé-je échapper au naufrage !
A l'abri de ce nom justement respecté
Je vais quitter le port avec plus d'assurance,
Et voguer, aux rayons d'une douce espérance,
Vers les bords orageux de l'immortalité.


Quelques titres des poésies diverses du même ouvrage :

Épithalame
Les agréments de la vie champêtre
Annette et Lubin, conte moral
Bouquet
Stances