Prosper Wittersheim était un imprimer Mosellan. On lui doit le recueil Fables nouvelles, ancien imprimeur à Metz, membre correspondant de l'académie de Strasbourg, imprimé à Metz en 1871, précédé d'un avant-propos de A. Jacquet, président de l'académie de Metz. L'intégralité de cet ouvrage est retranscrit ce-dessous. Son ouvrage contient une notice biographique, hautement partisane, faits de superlatifs à tout va, sans intérêt. On relèvera : Sa judéité lui crée un intérêt pour la culture israélite, qui donnera quelques écrits en rapport. Il connut un veuvage précoce et confia l'éducation de ses enfants à ses belles-sœurs, tout en surveillant leur instruction. Il composa pour eux des Esquisses morales, qui contient déjà des fables. À la suite de l'acquisition d'une imprimerie à Metz, il fait paraître son ouvrage Aurélia et Valérius, poème ou roman historique, scène de la vie romaine, sous la dictature de Sylla. Il se mit en tête, vers la fin de sa vie de composer de nouvelles fables pour imprimer un ouvrage de fables. Il mourut avant son impression.
Extrait de l'avant-propos :
Dans les divers ouvrages qu’il a composés, et qui ont reçu du public l’accueil favorable qu’ils méritaient, P. Wittersheim , l’auteur des fables que l’on va lire, a presque toujours été guidé par le désir de présenter à l’enfance, dans un cadre intéressant et familier, d’utiles enseignements. Il a compris (pie, parmi toutes les formes que pouvait revêtir une leçon de morale adressée aux enfants, la plus heure use était sans contredit la fable. Ces petits drames à cent actes divers ont le mérite de piquer vivement la curiosité du jeune lecteur, d’éveiller son imagination et d’émouvoir sa sensibilité. La fable a le privilège de l’instruire en badinant, de lui faire entrevoir le monde réel, la société humaine, derrière ce petit monde des animaux où figurent des personnages qu’il voit tous les jours, et dont le caractère et les allures lui sont connus. Dans ces récits naïfs, qui l’amusent et l’émeuvent, l’enfant, comme l’a dit avec raison un critique, est tout aise de retrouver les mœurs du chien qu’il caresse, du chat dont il abuse, de la souris dont il a peur, de la basse-cour où il se plaît mieux qu’à l’école. Il prend parti pour le faible contre le fort, pour le modeste contre le superbe, pour l’innocent contre le coupable. De cette leçon indirecte il tire une première notion de la justice.
On me dira : Mais à quoi bon de nouvelles fables ? N’avons-nous pas notre inimitable La Fontaine ?
Mais, sans vouloir rien ôter à Lafontaine de ses mérites, je crois pouvoir dire qu’on a tort, et grand tort, de mettre ses fables entre les mains des enfants. D’abord, La Fontaine est un des auteurs les plus difficiles à entendre complètement, et, pour apprécier toutes ses beautés, il est besoin d’une culture littéraire assez développée. En outre, les leçons qu’il donne ne sont pas toutes des plus édifiantes. Sans doute, je suis loin de partager l’indignation que certains passages de ses fables ont soulevée chez J.-J. Rousseau, chez Lessing, chez Lamartine. Je n’accepterais pas la modification que propose Lessing au dénouement de la fable du Corbeau et du Renard : on sait que, avec une candeur toute germanique, Lessing, scandalisé de la victoire du voleur, voudrait que le fromage qu’il dérobe fût empoisonné. Mais, tout en se gardant de ces puériles exagérations, et sans manquer en rien au respect que mérite un grand génie, il est bien permis de dire que La Fontaine ne s’est pas plus soucié de la morale dans ses fables qu’il ne l’avait fait dans sa vie. Il est un peintre admirable, ce n’est pas un moraliste.
C'est osé... Ça donne le ton de l'ouvrage... Et donc, la suite... Aura-t-on droit aux vraies morales que les enfants méritent avec Prosper Wittersheim ? Et qu'est-ce qu'un moraliste si La Fontaine n'en fait pas partie ?
Les fables que renferme ce volume ont un tout autre caractère. C’est un vif et sincère amour du bien qui les inspire; elles sont surtout l’image d’une belle âme et l’expression de nobles sentiments. C’est une exhortation simple et entraînante, sans austérité ni pédanterie, à la pratique de toutes les vertus. L’impression qu'elles nous laissent est salutaire et fortifiante ; elles s’adressent a ce qu’il y a de meilleur en nous ; elles vont droit à la source des bonnes et généreuses pensées, source que tout homme a dans le cœur, mais qui s’ouvre rarement toute seule, quoi qu’en aient dit J.-J. Rousseau et les partisans de l’état de nature. Ce n’est pas que l’auteur veuille nous faire illusion sur les imperfections et les misères du monde réel, ni laisser croire à son jeune auditoire, comme dans certaines pastorales assez fades, que tout est pour le mieux sur la terre. Dans son œuvre, la satire tient une assez grande place; mais, chez lui, la satire est exempte d’amertume et de misanthropie ; elle est clairvoyante, sans être impitoyable ; elle découvre et signale les défauts, mais sans haïr celui qui eu est atteint; elle raille, mais sans fiel et sans aigreur. Elle nous avertit, sans nous décourager; elle nous met en garde contre le mal, sans nous ôter l’espoir de rencontrer le bien. Les ridicules, les travers, les folles prétentions, n’échappent point à son regard pénétrant ; mais le spectacle des sottises humaines ne lui inspire jamais d’autre sentiment qu’un amour plus profond et mieux justifié pour la sagesse. Si quelquefois elle hausse le ton et s’émeut plus vivement, c’est quand elle proteste contre l’injustice. Elle ne se borne pas à constater, avec la superbe indifférence de l’épicurien trop vite consolé, que la raison du plus fort est la meilleure ; elle s’irrite, elle se révolte ; elle condamne avec énergie le méchant qui triomphe, et nous fait partager sa généreuse indignation !
LIVRE I
1. Le Sage et l'Ivrogne
2. Le Chasseur et la Rivière
3. L'Abeille et la Fourmi
4. Le Faune
5. L'Agneau et le Ver luisant
6. Les deux Loups
7. La Biche et les Chevreuils
8. Le Mari désobligeant
9. Le Boucher et ses Chiens
10. La Pie et le Serin
11. Les deux Mouches
12. Le Lièvre et les Lapins
13. Le Phénix et la Tourterelle
14. Les deux Ruisseaux
15. La Fourmi et le Papillon
16. La Brebis et le Loup
17. L'Écureuil et les Noix
18. Dieu Zéphire et la Violette
19. Le Cheval égoïste et l'Âne
20. Le Chêne et le Peuplier
LIVRE II
1. Une Femme d'esprit
2. La Taupe et le Chat
3. Le Torrent et la Fontaine
4. Les deux Rats
5. Le Perroquet, la Pie et le Chat
6. La Perruque et les Singes
7. L'Homme jugé par les Animaux
8. Le Perroquet et le Chien
9. Le Bélier
10. Le Fermier et la Fouine
11. Le Barbet généreux
12. Encore un Barbet
13. Le Singe et le Marchand et tableaux
14. L'Églantier et le Papillon
15. Le Lynx et la Gazelle
16. Le Seigneur et le Berger
17. La Hyène et la Colère
18. Le Renard et l'Écureuil
19. La Fusée volante et les Étoiles
20. Heureuse Abeille
LIVRE III
1. Le Renard et le Rossignol
2. Le Lion, le Renard et l'Abeille
3. L'Optique
4. Le Brochet et le Vermisseau
5. Le Tigre et le Léopard
6. Le Crapaud optimiste
7. Les deux Rosiers
8. La Sauterelle et la Fourmi
9. Le Potier et la Vieille
10. L'Amour et la Violette
11. Les Fleurs
12. Le bel Homme et le Nain
13. L'Âne consulté et le bon avis
14. Le Ver à soie et la Chenille
15. L'Âne philosophe
16. Le Chasseur et la Mouche
17. Le Médecin et le Quidam
18. Jupiter et le Mouton
19. Le Chameau et la Fourmi
20. Les Noisettes et la Haie
LIVRE IV
1. L'Avare et ses Enfants
2. Le Singe et l'Horloge
3. Le Perroquet et le Singe
4. La Sauterelle et la Cigale
5. L'Âne résigné
6. Le Lion et L'ours
7. L'Ours qui a raison
8. L'Ours qui n'a pas tort
9. Le Hibou et le Serin
10. La Jument et son maïtre
11. La Visite imprévue
12. Les deux Ours blancs
13. Le Roi et le Jardinier
14. Le Moineau et le Carpeau
15. Le Furet
16. L'Éléphant et le petit Chien
17. L'honnête Homme et l'Intrigue
18. Le Caniche et le Dogue
19. Le Philosophe et le Coq
20. L'Aigle et le Paon
LIVRE V
1. Le Bossu
2. Le Héron et la Corneille
3. La Tourterelle
4. Le Cheval et le Coursier
5. Le Coq et le Dindon
6. Le Chasseur et les Lièvres
7. L'Elbe
8. La Colombe et le Hibou
9. Le Berger et son Chien
10. Le Renard et l'Âne
11. La Poulette et la Colombe
12. Le Bouc et la Brebis
13. Le petit Canard et les Poussins
14. Le Bûcheron et sa Hache
15. L'Avare et le Cheval
16. Le Cygne et le Dindon
17. Le Léopard et les Chiens
18. Le Singe et ses Amis
19. L'Ours et le Daim
20. La Colombe et le Serin
LIVRE VI
1. Le Hérisson et l'Écureuil
2. Le Chat et le Rat
3. Le Bouc et le Bélier
4. Le Lévrier et le Barbet
5. Jupiter et le Cerf
6. L'Éléphant et le Veau
7. Le Singe Peintre
8. Le Renard censeur
9. Le Hibou et le Rossignol
10. Le Lion et l'Abeille
11. Le Paon et ses Juges
12. Le Singe et l'Éléphant
13. Le Loup et les Lapins
14. Le Dogue et le Singe
15. L'Âne et le Chien
16. La Souris et la Marmotte
17. Le Bélier et le Bouc
18. La Discorde en tournée
19. L'Observateur et les Chiens
20. Le Fabuliste et les Animaux