Raymond de Belfeuil est le pseudonyme de Clémentine-Félicie Hémery. On lui doit un recueil de fables de 1869. Son fils, Oscar de Poli en a écrit la préface.
La Fable et les Fabulistes
Il fut un temps où les érudits se livraient à d'interminables controverses, sans autre but que d'établir à qui l'humanité devait l'invention de la fable; les uns penchaient pour Esope, les autres pour Pilpaï; ceux-ci pour Lokman, ceux-là pour Hésiode ou pour Archiloque; disputes fastidieuses qu'un esprit futile avait suscitées, et que le pédantisme entretenait avec chaleur.
Qu'Esope ait existé ou qu'il ne soit qu'une expression typique, qu'il ait précédé ou suivi l'indien Pilpaï et l'arabe Lokman, n'est-il pas puéril d'attribuer à quelque individualité problématique cet impérissable bienfait de la fable, qui, dès les premiers âges du monde, apparaît comme pour façonner les Princes et les peuples aux victoires de l'idée ? La fable n'a pas été inventée, elle est d'essence humaine; elle naquit spontanément, dès que l'homme connut l'état de société, dès qu'il y eut des puissants et des faibles, des op-
presseurs et des opprimés. Dans les siècles de barbarie et de despotisme, elle résuma l'esprit d'opposition; elle fut l'épanchement mystique de ceux qui souffraient, et leur consolation ; elle donnait des leçons aux grands, qu'elle habituait insensiblement aux principes de justice et de réciprocité. La fable fut si bien l'arme des faibles, que les anciens fabulistes étaient tous des esclaves : Pilpaï, Lokman, Esope, Phèdre. Cette forme adoucie d'une vérité parfois très-dure, qui est le propre de la fable, suffirait encore à révéler le secret de son origine.
La critique et la plainte, n'osant se produire à ciel ouvert, revêtaient ingénieusement le manteau de la fable. Les grands ne se sentaient pas atteints par ces allégories, à la fois discrètes et directes; la fable n'était plus alors seulement un humble apologue, un conse timide par voie de comparaison, mais bien une variante de la satire ; et qui nierait que la satire soit le fond de notre nature ?
Il est donc tout naturel que, des rangs inférieurs de la société, soient sortis des écrivains habiles à saisir, à peindre les travers et les ridicules, à concevoir, à saper les abus, et capables de présenter d'utiles vérités sous d'ingénieuses allégories. Le malheur de leur condition les plaçait dans une situation favorable pour bien observer; vivant dans l'intérieur des grands, ils étaient mieux que personne à même de les connaître, de les juger, et quelle âpre satisfaction devait ressentir l'esclave-à satiriser le maître sans péril !...
1. Le Pot de Farine
2. La Poule et le Renard
3. Le Balancier et le Cerceau
4. L'Amandier et la Chenille
5. Le Ver à soie et l'Araignée
6. L'Enfant et le Solitaire
7. Le Conquérant et le Lézard
8. L'Âne et le Grillon
9. L'Arbrisseau
10. La Leçon du Grand-papa
11. L'Enfant et le Soleil
12. La Feuille d'arbre et la Feuille de papier
13. La Violette et le Hanneton
14. Le Ballon
15. L'Épine et l'Abeille
16. Le Ver luisant
17. La Brebis et les Mâtins
18. L'Aigle et l'Agneau
19. Le Vermisseau
20. Les Enfants et l'Abeille
21. Le Perroquet et la Pie
22. Le Commerçant et le Confesseur
23. La Mouche et le Moucheron
24. Le Mensonge et la Vérité
25. Le Ver de terre
26. Le Chien fidèle
27. Le Nègre qui voulait se blanchir
28. Le Cheval emporté
29. Les deux In-folios
30. Le Braconnier
31. La Tourterelle et la Pie
32. Les deux Fous
33. L'Enfant et la Raquette
34. Le Perroquet les Dindons
35. La Rose et la Feuille desséchée
36. Le Limaçon et la Tortue
37. L'Enfant et le Foyer
38. Les deux Bougies
39. La Bulle de Savon
40. Les Fleurs devant la Sagesse
41. Les Serpents et la Goutte d'eau
42. L'Écolier paresseux
43. Adam et Ève
44. L'Enfant et le Cerf-volant
45. Le Loup et la Brebis
46. Le Frelon et les Abeilles
47. Le Pigeon et la Colombe
48. Le Rossignol et l'Hirondelle
49. Le Lys et le Hanneton
50. La Chèvre et le Papillon