Une IA peut-elle écrire des fables (deep seek) ?

2025-01-29
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Après deux articles cherchant à mettre en avant les capacités l'ia ChatGPT et à démasquer ses failles, j'ai souhaité donner sa chance à une autre ia, chinoise, celle-ci, Deep Seek, toute aussi à l'aise en français qu'en anglais (et j'imagine en mandarin). Je ne gâche par les résultats dans cette introduction ; je vous les laisse découvrir, requète après requète :

I. J'ai tout d'abord huit d'une fable qui porterait le nom Le Loup et le Papillon, sans plus de consignes. Le résultat :

Un loup, fier et puissant, traversait la forêt,
Quand un papillon léger dans les airs apparaît.
"Pourquoi donc, faible insecte, voles-tu sans effort ?
Moi, je cours, je combats, je domine sans mort !"

Le papillon, souriant, lui répondit alors :
"La force n'est pas tout, cher loup, tu t'en ignores.
Je danse avec le vent, je touche chaque fleur,
Et ma fragilité est ma plus grande valeur."


L'ensemble est cohérent, sans valeur poétique particulière.

II. Même consigne mais avec douze vers et le titre : L'hippocampe et les crabes

Dans l'océan profond, où les courants sont forts,
Un hippocampe nageait, léger, loin des bords.
Des crabes, curieux, l'observaient de leurs pinces :
"Pourquoi donc, étranger, danser sans tes grimaces ?

Nous, nous marchons de travers, mais nous sommes puissants,
Tandis que toi, si frêle, tu sembles sans défense."
L'hippocampe, souriant, leur répondit alors :
"Chacun sa manière d'avancer, c'est notre trésor.

Je glisse avec les flots, je suis leur harmonie,
Et ma grâce fragile est ma propre magie.
Vous avez vos pinces, vos carapaces dures,
Mais moi, je suis libre dans les eaux pures."


Mêmes remarques

III. Pour aller un peu plus loin, j'ai souhaité que l'ia revisite Le Corbeau et le Renard mais de façon humoristique. Le résultat sera-t-il humoristique :

Monsieur Corbeau, perché sur un arbre bien haut,
Tenait dans son bec un fromage, un vrai régal.
Monsieur Renard, flairant l’odeur, lève les yeux :
"Hé ! Bonjour, cher ami, vous êtes radieux !

Votre plumage est si brillant, si élégant,
On dirait un super-héros en plein vol planant !
Si votre voix ressemble à votre apparence,
Vous êtes sans doute la star de la séquence !"

Le Corbeau, flatté, se sentit tout joyeux,
Et pour montrer sa voix, il ouvrit grand les yeux.
"Craa !" fit-il en lâchant le fromage par terre.
Le Renard, malin, s’en saisit sans colère.

"Merci, cher ami, pour ce délicieux cadeau !
Et retenez ceci : méfiez-vous des cadeaux !
Car parfois, les flatteries, c’est bien pratique…
Surtout quand on aime le fromage en musique !"


J'ai pu dire à l'ia que je trouvais pas ce résultat humoristique, mais simplement un peu moderne. Il a souhaité une seconde chance.

IV. La même mais, plus humoristique :

Monsieur Corbeau, perché sur un frigo géant,
Tenait dans son bec un burger bien gourmand.
Monsieur Renard, flairant l’odeur, s’approcha :
"Wow ! Quel style, mon pote ! T’es trop la classe !

Ton look est si cool, si branché, si stylé,
On dirait une rockstar prête à tout casser !
Et ta voix, j’en suis sûr, doit être divine…
Chante-moi un morceau, juste une petite ligne !"

Le Corbeau, trop fier, se gonfla de plaisir,
Et pour impressionner, il voulut s’exprimer.
"Craa !" fit-il en lâchant le burger par terre.
Le Renard, malicieux, s’en saisit sans faire attention.

"Merci, cher artiste, pour ce festin savoureux !
Mais un conseil amical : sois moins présomptueux.
Car les flatteries, parfois, cachent un piège…
Surtout quand il y a un burger qui siège !"


Allez... ce n'est pas... hilarant, mais ce n'est pas si mal, après tout. L'humour, comme l'art, se cache dans des zones difficiles à percevoir et à imiter.

V. J'ai souhaité ensuite une réécriture de Le rat de ville et le rat des champs où interviendrait un chat.

Un rat des champs, tranquille, vivait dans son blé,
Quand son cousin de ville lui rendit un dîner.
"Viens chez moi, lui dit-il, la vie y est plus belle,
On mange du fromage et des pizzas sans querelle !"

Arrivés en ville, dans un loft très branché,
Ils trouvèrent un festin : buffet bien garni.
Mais soudain, un gros chat, sorti de nulle part,
Fondit sur eux en criant : "Hé ! C’est mon garde-manger !"

Le rat des champs, paniqué, sauta dans un tiroir,
Tandis que le rat de ville, plus malin, sans espoir,
Lui cria : "Attrape ce croûton, lance-le au chat !"
Et le chat, distrait, partit chasser le casse-croûte.

Une fois le danger passé, le rat des champs déclara :
"Merci, mais chez moi, au moins, pas de chat qui s’invite à table !
La vie à la campagne est simple, mais tranquille…
Et surtout, on ne risque pas de finir en croquettes !"

Le rat de ville, un peu vexé, haussa les épaules :
"Oui, mais ici, au moins, on a des apéros géants !
Chacun son style, mon pote, mais une chose est sûre :
Avec un chat dans les parages, mieux vaut être malin… ou rapide !"


Bien sûr, le chat vient déranger les rongeurs. Vous pouvez noter l'essai pour introduire des dodécasyllabes, un peu raté et des rimes, pas si mal en place que ça.

VI. Puis une fable courte, sans animaux pour une fois, qui porterait le titre Les Professeurs

Dans une salle de classe, un jour de grand débat,
Deux professeurs parlaient, chacun avec entrain.
L’un disait : "Le savoir, c’est la clé de tout !"
L’autre répondait : "Non, c’est l’expérience qui compte !"

Pendant ce temps, les élèves, assis au dernier rang,
Échangeaient des regards et riaient doucement.
L’un d’eux prit la parole, les interrompant :
"Messieurs, sans écoute, le savoir reste muet."

Les professeurs, surpris, se regardèrent alors,
Et comprirent enfin que la sagesse est un trésor
Qui se partage ensemble, avec humilité,
Car enseigner, c’est aussi savoir écouter.


On ne comprend tout. Le développement n'est pas convaincant. La langue est impeccable, par contre.

VII. Idem avec Le Lotus et le Pissenlit

Un lotus, fier et noble, s’épanouissait dans l’eau,
Tandis qu’un pissenlit, modeste, poussait sur le coteau.
"Regarde-moi, dit le lotus, je suis pur et parfait,
Toi, tu n’es qu’une herbe, sans grâce ni attrait."

Le pissenlit, souriant, répondit avec douceur :
"Je suis libre et léger, je voyage avec le vent,
Tandis que toi, si beau, tu restes prisonnier.
La vraie beauté, ami, est dans ce qu’on partage."

Un jour, une tempête arracha le lotus de son étang,
Tandis que le pissenlit, dispersant ses graines, chantait :
"La force n’est pas dans les apparences, mais dans l’essence,
Car même le plus humble peut danser avec l’existence."


Vous pouvez voir un pattern qui se dessine. A l'exception de l'histoire des rats, l'interaction entre les deux protagonistes se fait toujours à base de vantardise mal placée. C'est vrai qu'il y en a beaucoup dans les fables mais pas uniquement, heureusement...

VIII. Un quatrain seulement au titre de Le ver et la chenille

Le ver, dans la terre, dit à la chenille :
"Pourquoi vis-tu si haut, dans cette folie ?"
Elle répondit : "Je rêve d’ailes et de lumière,
Tandis que toi, tu crains le ciel et la lumière.".


Au niveau du sens, là, on n'y est pas. Que fait la chenille dans les airs ? L'ia a sans doute confondu la chenille et le papillon. Quelle symbolique !

IX. Ainsi, je lui ai proposé de se rattraper avec Le ver de terre et le papillon :

Un ver de terre, modeste, creusait son petit chemin,
Quand un papillon vint se poser près de lui, soudain.
"Regarde-moi, dit ce dernier, je suis beau, je suis léger,
Tandis que toi, tu rampes dans la boue, sans rien rêver."

Le ver, sans se fâcher, répondit avec sagesse :
"Je nourris la terre, je travaille sans cesse,
Toi, tu danses dans les airs, mais pour si peu de temps,
Tandis que moi, je prépare l’avenir en silence."

Le papillon, surpris, comprit alors ce jour-là
Que chaque être a son rôle, sa place, son parcours,
Et que la vraie beauté n’est pas toujours visible,
Mais réside parfois dans ce qui est utile.


C'est mieux...

X. Puis, j'ai souhaité une réécriture de Le Loup et l'Agneau où le loup se fait manger à la fin. Ce à quoi l'ia me répond, très justement qu'elle accepte de m'écrire une fable où "les rôles sont inversés", pour bien montrer sa compréhension de la question. Alors, l'agneau va-t-il manger le loup ?

Un loup, fier et cruel, près d’un ruisseau s’arrêta,
Et vit un agneau pur qui buvait tranquillement.
"Tu troubles mon eau, dit-il, avec ton museau sale !
Comment oses-tu, petit, me manquer de respect ?"

L’agneau, doux et calme, répondit sans effroi :
"Je bois bien en dessous, je ne vous gêne pas,
Et si l’eau semble trouble, c’est vous qui l’avez troublée,
En amont, où vous couriez, sans aucune pitié."

Le loup, furieux, bondit pour l’attaquer,
Mais soudain, un lion surgit, prêt à tout croquer.
"Cet agneau est à moi, dit le roi des forêts,
Et toi, loup imprudent, tu seras mon dîner !"

Ainsi, le loup apprit, trop tard, à ses dépens,
Que la cruauté attire souvent un plus grand méchant,
Et que dans ce monde, même les plus forts un jour,
Peuvent devenir la proie d’un plus fort à leur tour.


L'introduction du lion est plutôt adroite, je trouve...

Conclusion



La langue, pour commencer, est impeccable et l'ia n'est jamais prise en défaut sur l'orthographe ni la grammaire ; les tournures sont agréables et logiques, les relatives sont bien en place.
Le sens est déjà plus critiquable. On se perd parfois dans l'introduction des différents personnages et dans leurs problématiques ou leurs complaintes mais pas toujours. Nous avons parfois un ensemble bien cohérent.
On niveau poétique et métrique, on n'y est pas. C'est que est on ne peut plus normal. La rime est parfois intéressante mais il peine à obtenir une métrique juste et à proposer quelque chose d'un petit peu élaboré. Les poètes ne seront pas remplacés demain pour des ia.

Mais !... ce que je voudrais souligner, c'est la différence avec chatGPT. Si ce n'est abyssale, elle est importante et très notable, en tout cas pour cet exercice. Nul doute que cette ia fera parler d'elle dans l'avenir, à moins qu'elle soit elle-même supplantée par une autre ia.

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