On admirait le bel ouvrage
D'une tour au céleste aspect
Et digne du plus grand respect,
Vrai chef-d'œuvre du moyen âge !...
Son gracieux contour, sa sublime beauté
Des mortels attiraient l'hommage.
Un cerf-volant, plein de fierté,
Bien peint et bien doré, planant au-dessus d'elle,
Lui : « Moi, je suis le plus grand.
- Oui, répondit la tour, mais ta grandeur dépend
Du vent !
Tu ne vaux pas la plus mince tourelle :
Dans ton orgueil tu te crois fils des cieux...
Tu ne saurais tromper les yeux ;
A terre, on voit la main qui retient ta ficelle... »
L'homme, dans la fausse grandeur,
De notre cerf-volant nous réfléchit l'image :
Il n'a vraiment que la hauteur
Que lui prête, un moment, la Fortune volage.
La grandeur véritable est l'ouvrage du coeur.
Dans ce genre de fable, il y a toujours quelqu'un pour rabaisser le caquet d'un prétention. Mais alors ici, c'est la tour qui dit au cerf-volant : Tu n'es pas grand ; sous-entendu, c'est moi qui le suis !