Au faîte des grandeurs à quoi bon s'élever,
Si c'est pour faire la culbute ?
Plus on s'élève et plus on doit craindre une chute.
Le jeu de deux enfants me sert à le prouver.
« Admire mes talents, personne ne m'égale,
Ma sœur, garde-toi bien de me faire bouger ;
Vois ma colonne triomphale !
De trois dames encor je prétends l'allonger.
Avec tes petits doigts, tiens, place cette noire,
A merveille. A présent mettons celle d'ivoire.
Bravo... » Mais il en reste encore une à placer ;
Un souffle, un rien pourrait tout renverser.
Nos deux enfants, retenant leur haleine,
Sur l'ivoire en tremblant ont déposé l'ébène.
La colonne vacille, et bientôt... patatras...
Voilà tout l'édifice à bas.
J'ai vu tomber du char de la victoire
Le plus terrible des guerriers :
« Ajoutons une palme aux palmes de ma gloire. »
Il dit... et le cyprès remplace ses lauriers.