Le Renard sans queue Pierre de Frasnay (1679 - 1753)

Un Renard échappé d'un maudit traquenard,
Pour gages y laissa portion de soi-même ;
Je veux dire la queue : En sa douleur extrême
Plein de honte et s'osant paraître nulle part,
Il voulut de la queue interdire la mode,
Et prouva bien ou mal aux Renards assemblés
Que la queue est un meuble inutile, incommode,
Les Renards courent mieux quand ils sont mutilés.
Mais un Renard lui dit, eh, tournoi-toi de grâce,
Ton derrière écourté réfute ton discours ;
Prends pour te consoler moyen plus efficace ;
Aux Renard sied la queue et leur siéra toujours.

Qui suivra la voix d'un coupable
Et peu de jours lui deviendra semblable ;
N'écoutons des méchants les avis dangereux,
Ils nous rendrons bientôt déshonorés comme eux ;
C'est ce que prouve cette fable.

Livre I, fable 7






Commentaires