La Goutte sereine Adine Joliveau (1756 - 1830)

Une Goutte sereine, un des plus grands fléaux,
Frappa soudain quelques oiseaux
De ceux même planant dans la plus haute sphère ;
Ils ne voyaient plus la lumière ;
- « Vous qui considérez de fort près le soleil,
Est-il rond ou carré ? Est-il blanc on vermeil ?
Leur criait-on d'en-bas, quelle est donc sa figure ?
Nous transmet-il ses feux par émanation
Ou, si c'est par l'effet de l'agitation ?
Combien l'ordre de la nature
Doit exciter votre admiration !
Et l'un d'eux De Phébus nous nions l'existence.
Vous êtes dans l'erreur ce n'est qu'une apparence,
Chouettes et hiboux sont bien de notre avis ;
- O Ciel ! Du Dieu du jour ce sont les ennemis !
Répliqua-t-on ; funeste inconséquence
Quoi! la lumière et la chaleur,
Tout n'annonce-t-il pas cet astre bienfaiteur ?
Que seraient sans son influence,
Tant de globes errants et par lumineux ?
Si pour le voir il vous manque des yeux,
Au moins par sentiment, cédez à l'évidence.
Un mal soudain produit un tel avancement,
Leur dit l'Aigle, pourquoi se taire sur la chose ?
Infortunés, avouez cependant,
Qu'il n'est jamais d'effet sans cause.

Contre celui qui nie une divinité,
Tonte raison, toute lumière est vaine ;
Pourrait-il voir jamais la vérité ?
Le malheureux à la goutte sereine.

Livre I, Fable 7




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