Quel est là-bas, au loin, cet éclatant rubis,
Qui frappe mes regards surpris ?
Me trompé-je ? quoi ! c'est sur l'herbe,
Sur une simple feuille, abandonné, je crois,
Qu'est jeté ce bijou superbe
Fait pour orner la couronne des rois ?
L'or étincelle en lui, la pourpre le décore ;
Il reflète en son sein tous les feux de l'aurore.
Je m'approche ; que vois-je ?... eh oui ! sur le gazon,
C'est une goutte de rosée,
Par un nuage déposée,
Qui de l'astre du jour répète le rayon.
Voilà le secret du prodige,
Et le rubis n'est qu'un prestige.
Sur cette feuille où je la vois,
La simple goutte qui repose,
Dans sa matière est peu de chose,
Mais la merveille en est plus grande mille fois.
Humaine et faible créature,
Esprit intelligent, oh ! quelle est ta grandeur,
Quand, dansle champ de la nature,
Tu réfléchis les traits de son sublime auteur !