Pauvre de bien, mais riche de sagesse,
De vertus et d'honneur, un père, en sa vieillesse,
Prévoyant le fatal moment,
Aux mains de ses enfants remit un testament
Qui contenait sa volonté dernière,
D'un secret absolu leur imposant la loi.
A l'observer ses fils engagèrent leur foi,
Bientôt en pleurs fermèrent sa paupière,
Et lurent en commun l'écrit mystérieux.
Par eux, dans le cours de sa vie,
Sa moindre intention avait été suivie,
Et ce respect religieux
Après sa mort encore inspira leur conduite.
Les nouvellistes du pays
S'occupaient du père et des fils.
« Qu'a-t- il laissé ? que feront-ils ? » Ensuite,
La surprise naquit et chaque jour s'accrut.
Les enfants n'avaient rien quand le père mourut,
Et bientôt on leur vit une fortune honnête ;
Dans leurs desseins on les vit prospérer,
D'honorables emplois on les vit décorer ;
Tous les bienfaits du ciel descendaient sur leur tête.
Sur ces succès inattendus,
Chacun, à sa façon, glosait dans le village.
« Le père avait caché des trésors inconnus ;
Ils ont découvert l'héritage. —
Il avait à la cour un puissant protecteur,
Qui des enfants soigne la destinée.
- Il avait reçu d'une fée
Certain aimant qui conduit au bonheur.>>>
On rêva mainte conjecture,
On répéta maint absurde propos.
Le père à sa progéniture
N'avait rien légué que ces mots :
« Exemples et conseils, c'est tout ce que vous laisse
Celui dont vous avez bien connu la tendresse.
Confiez-vous en Dieu, soyez bons, vertueux,
Économes, actifs, et vous serez heureux. »