La Courge et le Palmier Alexandre Coupé de Saint-Donat (1775 - 1845)

Une courge alliant aux rameaux d'un palmier
Sa tige destinée à ramper sur la terre,
Grâces aux soins du jardinier,
Se cramponna si bien qu'au séjour du tonnerre
Elle portait un front altier.
La courge en s'c'levant. fut prompte à s'oublier :
Les rangs tournent la tête à tous tant crue nous sommes.
Ce fait n'a rien de singulier,
L'histoire de la courge est l'histoire des hommes.
La nôtre donc avec dédain
Disait au palmier : Mon voisin,
Quel âge avez-vous donc ?—Mais j'ai cent ans, ma chère.
— Cent ans', pauvre petit, que je plains ta misère,
Vit-on jamais telle lenteur ?
Eh quoi ! tu mets cent ans à croître !
Regarde-moi, je ne fais que de naître,
Déjà je t'égale en grandeur,
Se prête à ton feuillage un abri protecteur ;
Que serai-je à cent ans ? Si je sais me connaître,
Des végétaux un jour je dois être le maître.
Xors le palmier lui répondit :
Jeune étourdi, tu crois me faire injure,
Mais que tu connais peu les lois de la nature ;
Entends donc sa voix qui te dit :

CE QUI CROÎT EN UN JOUR, EN UN JOUR EST DÉTRUIT.

Fable 4




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