On chassait en commun. Au retour de la chasse,
Lion aux animaux dit : Messieurs, sans façon }
Que chacun prenne ici sa part de venaison :
Avec justice il faut que tout se fasse ;-
Faites les parts, Messire Aliboron.
Alors l'expert à longue oreille
Forme des lots égaux, et croit faire merveille i
Mais comme un sot il opéra :
Egalité d'ans le partage.
Au lion fut un outrage.
Le prince en rugissant sur l'âne se jeta,'
L'étrangla,
Puis pour arbitre désigna
Un renard, fin matois connaissant bien son monde,.
Adroit jurisconsulte et cervelle profonde ;
De chaque prétendant il discuta, les droits,
Cita la coutume, les lois,
Prouva que des sujets n'avaient rien à prétendre,
Parla du grand Cyrus, de César, d'Alexandre,
Et conclut qu'ici-bas tout appartient aux rois.
Les animaux n'osèrent contredire ;
Chacun fuit, harassé, rendu, mourant de faim.
Sire, dit le renard, l'honneur doit leur suffire :
Ils ont courra le cerf avec leur souverain.
Le lion eut le tout. En prince il fit bombance,
Et le rusé renard y trouva sa pitance.

Fable 9




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