Le Coucou indicateur, le Chasseur et les Abeilles Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Hola ! suspende ici tes pas j
Ecoute-moi, chasseur, dit un coucou d'Afrique,
Tu ne t'en repentiras pas.
Voyons, veux-tu que je t'indique
D'abeilles une république,
Où nous devons trouver, je t'en fais le serment,
Abondance de miel, et de miel succulent ;
Car dès longtemps je vois qu'on y travaille
Avec grand zèle ; enfin je veux de la trouvaille
Que tu me fasses bonne part ;
Ma foi, sans cette clause expresse,
Franchement je te le confesse,
Je porte ailleurs mon vol. Eh bien ! point de retard,
Lui répond le chasseur ; je t'en promets le quart.
Rien ; pour le quart je me décide.
Interrompu de temps en temps,
Mon vol te servira de guide :
Partons. Bientôt les contractants
Sont au Heu désiré. Notre coucou s'écrie :
C'est là, c'est sur cet arbre. Il croit déjà gruger.
Le chasseur de grimper ; mais, voyant le danger
Qui vient menacer la patrie,
La gent abeille accourt et fond avec furie
Sur son double ennemi ; chacun d'eux est criblé
De force coups de dard : le chasseur, au supplice,
Se repentit longtemps d'avoir été complice
D'un lâche délateur, qui, de mal accablé,
Mourut tout enflé.

De délateurs encore il est une autre race
Et plus coupable et plus rapace,
Qui, parmi nous, ô juste ciel !
O comble de l'ignominie !
A loisir se repaît du miel
De la délation... Elle vit impunie !

Livre III, fable 10




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