Jaloux de l’honneur de sa race,
De ses petits l’aigle éprouve l’audace
Et la vigueur.
Vers les cieux il les porte, et, leur ouvrant la lice,
L’oiseau les abandonne à leur aile novice.
Si, fixant le soleil d’un œil fier et vainqueur,
Ils ont de leurs parents la généreuse ardeur ;
Si d’un père charmé les cris les électrisent,
Il les soutient quand leurs forces s’épuisent.
Mais malheur à qui montre un courage incertain,
Et qui gémit, semblable à la colombe ;
A son aide il appelle en vain ;
Sans être secouru sur la terre il retombe ;
Ou dans le nid royal s’il rentre à sauveté,
Par un père en courroux il en est rejeté.
Un aiglon dut ainsi périr sur une roche.
Un coucou vit sa chute, à l’aigle en fit reproche.
« Il te sied bien, lui dit le roi des airs,
A toi qui de tes fils donnes le soin aux autres,
De blâmer la façon dont nous traitons les nôtres !
Que sont les tiens ? Des méchants, des pervers
Dont les méfaits font bientôt reconnaître
Les indignes parents qui leur ont donné l’être,
Et dont ils sont abandonnés
Avant que d’être nés.
Moi, je porte les miens au séjour du tonnerre ;
Mon amour les soutient si, nourris pour la guerre,
Ils fixent le soleil d’un regard assuré ;
Je ne les connais plus s’ils ont dégénéré. »
Pour un homme de cœur, c’est un tourment insigne,
D’avair un fils qui de lui n’est pas digne.