Le Coucou et l'Aigle Ivan Krylov (1768 - 1844)

L'aigle à certain coucou rempli de vanité,
D'un rossignol à la réforme,
Transmit, un jour, la dignité.
Tout fier de cet honneur, le coucou sur un orme
Va se percher, et veut aux habitants des bois,
Par de brillants accords, faire admirer sa voix.
Mais qu'est-ce à dire ? Il chante, et soudain rassemblée,
En riant de ses cris , au loin s'est envolée !
Le coucou dépité, près de l'aigle accourant,
Se plaint que les oiseaux insultent à son rang.
« Vengeance ! criait-il, ta volonté suprême.
Au rang du rossignol m'a promu dans les bois,
Et, quand je chante, à l'instant même,
Chacun ose s'enfuir et rire de ma voix !
L'aigle dit : « Mon ami , ton erreur est extrême ;
Je suis roi, mais non dieu; je ne puis rien pour toi.
Quand d'être un rossignol le coucou se propose,
Je puis lui donner son emploi,
Mais son talent, c'est autre chose ! »

Livre VIII, fable 15




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