« Que ta voix, mon cher coq, est brillante et sonore !
— Et toi, mon cher coucou, mon orgueil, mon soleil,
Que de charme et que d'art dans ton chant que j'adore !
Nos bois des alentours n'ont point chanteur pareil ;
Qui t'entendrait cent ans voudrait t' entendre encore !
Et toi donc, mon beau coq, j'en jure ici ma foi.
Si tu te tais, j'attends, toujours tendant l'oreille ;
Je meurs, et ne reviens à moi
Que lorsque ton chant me réveille.
Ah çà ! mais où prend-on de ces voix-là, dis-nous ?
Quelle prestesse et quelle aisance !
Quels sons purs, éclatants et doux !
Chez vous autres, je crois, c'est un don de naissance !
Tu dois mille talents au ciel qui t'a gâté,
Mais ta voix... ta voix, c'est tout dire !
Va, leur rossignol si vanté,
Près de toi n'est qu'un pauvre sire !
— Merci, compère, à mon avis,
Et c'est l'avis aussi du public qui t'admire,
Tu passes dans tes champs l'oiseau du paradis ! »
Un moineau les entend et leur dit : « Camarades,
Pourquoi vous enrouer à pousser de tels cris,
En vous comblant tous deux de compliments si fades ?
Vos chants n'en sont pas moins d'affreux charivaris ! »
Sans honte et sans pudeur quand un flatteur vous loue,
D'éloges mutuels il sait qu'il fait un troc :
A vanter le coucou lorsque le coq s'enroue,
C'est pour que le coucou vante, à son tour, le coq.