Les Voleurs et le Coq Franz Hermann Lafermière (1737 - 1796)

La lanterne lourde a la main,
Des Voleurs qui rodaient pendant la nuit obscure ;
Ne négligèrent pas une vieille masure
Qui se trouva sur leur chemin.
Ils entrent, tout est vide ;
Ils cherchent, mais en vain,
Rien ne s’offre ç leur œil avide,
Il faudra cette fois renoncer au butin.
C’est aussi le parti qu’ils prennent, quand soudain,
Au bruit qu’ils font, un vieux Coq se réveille,
Et de son chant vient frapper leur oreille.
On court au poulailler prochain,
On saisit le Chanteur au cou. Qu’on le lui coupe,
Dit aussitôt le chef de cette troupe ;
Il pourra nous servir demain
A faire une excellente soupe. --

A moi me donner le trépas !
Hé , Messieurs! vous n’y pensez pas,
Car j'ai l'honneur de parler à des hommes,
Et vous savez que de tout temps nous sommes
Vos serviteurs. Le chant du Coq enfin
Pour l’homme n’est-il pas un réveille-matin
Avant l'aube du jour, quand tout encor sommeille,
Nous seuls l’avertissons par d’utiles clameurs
De retourner aux travaux de la veille.
(Excellente raison à dire à des Voleurs ! )
Aussi lui dirent-ils : oui-da, tu le réveilles !
Ah! tu fais là vraiment de fort belles merveilles !
Bien, bien! Pour cela seul entends-tu, maitre fou,
Il faudrait te couper le cou.

Sur l'équité votre discours se fonde,
Vous raisonnez le mieux du monde ;
Vos raisons ne font pas d’accord
Avec mon intérêt ? Vous avez tort.

Fables et contes dédiés a Son Altesse Impériale Monseigneur le Grand Duc, Livre I, Fable XV




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