Les deux Voleurs et l'Âne Charles Beaulieu (19ème)

Souvent, lui-même un fripon se condamne,
Et par plus d'un vaurien ce fait s'est vu prouvé.

Deux larrons, au marché venaient de vendre un âne,
Que depuis peu de jours ils avaient enlevé ;
Voilà, que sur le prix s'élève une dispute,
Qui, pour nos champions, bientôt se change en lutte.
Tandis que coups de poings, ou reçus ou donnés,
Vont voltigeant de l'un à l'autre nez,
Des propos sont lâchés qui décèlent la bête :
(Remarquons en passant que de ce tête à tête,
La scène se passait devant un cabaret.)
Par hasard, en ce lieu vint à passer le maître
De celui dont le prix de la vente faisait
De cette scène le sujet,
Et, notre homme n'eut pas de peine à reconnaître
Son baudet ;
Pour plus ample informé sur la bête vendue,
De par justice au milieu de la rue,
Sur nos deux combattants, haro fut bientôt fait.

Dans les emplois publics, que de fonctionnaires
Se sont trahis entre eux pour de moindres affaires.

Livre I, fable 13




Commentaires