Sept voleurs formèrent un jour le projet d'aller dérober des noix vertes sur un arbre. Chemin faisant, ils rencontrèrent un jeune orphelin déjà vigoureux.
« Jeune homme, lui dirent-ils, veux-tu venir avec nous à cet arbre, tu mangeras des noix et tu en feras provision. » 11 consentit à les suivre. Un des voleurs dit alors à ses camarades :
« Examinez quel est le plus leste et le plus adroit d'entre nous, et faites-le grimper. »
Ils répondirent : « Nous ne voyons parmi nous personne de plus leste ni de plus adroit que ce jeune homme. » Puis ils l'aidèrent à monter à l'arbre et lui firent celte recommandation : « Garde-toi bien de porter la main sur aucun de ces fruits et d'en manger, car ce serait une grande honte pour toi. »
- « Que faut-il faire ?» demanda le jeune homme.— « Monte, répondirent-ils, et assieds-toi au milieu de l'arbre, tu secoueras fortement les branches afin d'en faire tomber les noix ; nous autres, nous les ramasserons, et, quand tu descendras, tu prendras ta part. »
Le jeune homme, monté dans l'arbre, se mit à secouer chaque branche, les noix tombèrent, et les voleurs s'empressèrent de les recueillir et d'aller les cacher. Sur ces entrefaites arriva le propriétaire, et déjà toute la bande s'était rassasiée de noix vertes.
« De quel droit, s'écria-t-il, touchez-vous à cet arbre ? Pourquoi Pavez-vous dépouillé de toutes ses noix ? »
— « Nous n'avons rien à nous reprocher, repartirent les voleurs. En passant de ce côté, nous avons trouvé ce jeune homme qui s'est dit le propriétaire de l'arbre ; c'est lui qui nous a régalés et qui a fait tomber les noix ; nous ne sommes point coupables. »
Le propriétaire dit au jeune homme : « Et toi, quelle raison as-tu à me donner ? »
— « Ce sont des menteurs, nous sommes venus ici ensemble ; ils m'ont ordonné de monter pour faire tomber les noix, et ils en ont rempli leurs sacs. »
— « Tu t'es jeté dans le mal, lui dit le propriétaire ; as-tu gagné quelque chose à cela ? — Mon Dieu ! non, je n'ai rien mangé du tout, je vous assure ; je n'y ai pas même goûté. »
— « Oh ! si je ne connaissais pas ta bêtise, s'écria le propriétaire Mais assurément tu t'es perdu au profit d'autrui. »Puis il dit aux autres : « Je n'ai pas de preuve pour vous accuser. »