L'Abeille et le Coucou Don Juan Laurencin (1733 - 1812)

Cesseras-tu de m'écorcher l'oreille,
Au Coucou dit un jour l'Abeille,
Par ton chant monotone et fou ?
Toujours Coucou, puis encore Coucou !
Ma foi, c'est trop ; j'en suis si lasse.
Que tu me forceras d'abandonner la place-
Le Coucou lui répond : si la variété
Ne distingue pas mon ram3ge,
Je ne vois pas dans ton ouvrage
Non plus, grande diversité.
L'Abeille alors reprit : tu dis la vérité ;
Mais la différence esc notable ;
Dans les œuvres d'utilité,
Le défaut d'uniformité
Peut être, par fois, supportable ;
Dans celles de pur agrément,
Elle est toujours insoutenable.

Auteurs, je vous en dis autant :
Pour plaire, il faut se rendre aimable.
Voulez-vous du public mériter les amours ?
Sans cesse, en écrivant, variez vos discours.

Fable 13


Ces deux derniers vers sont de Boileau.

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