L'Abeille et les Frelons Don Juan Laurencin (1733 - 1812)

Honteux de leur oisiveté,
Les Frelons un jour s'assemblèrent
Et tout de bon déterminèrent
D'être de quelque utilité.
Les voilà donc de grand cœur à l'ouvrage,
Bon gré, mal gré, voulant faire du miel ;
Mais le travail était cruel,
Et puis très long l'apprentissage.
Bref, dégoûtés de l'ouvrage entrepris,
Bientôt ils changèrent d'avis.
Toujours dans le dessein d'acquérir de la gloire,
lis s'en vont troubler le repos
D'une Abeille défunte à qui ses grands travaux
Avaient fait un nom dans l'histoire.
Avec un très grand apparat,
Ils célèbrent ses funérailles ;
Et font frapper plusieurs médailles
Du fait portant certificat.
De la gloire, à leurs yeux, ils ont atteint le faite ;
Mais une Abeille malhonnête
Leur satisfaction troubla,
En disant : ce n'est que cela !
Hé bien, messieurs, je vous proteste
Que cette pompe et tout le reste
Qui n'a rien de substantiel,
Ne vaut pas un rayon de miel.

Des auteurs renommés conservons la mémoire ;
C'est bien fait ; mais il vaudrait mieux
Les imiter, que de chanter leur gloire :
C'est là le vrai moyen d'avoir sa place entre eux.

Fable 12




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