Diogène et la Statue Antoine Le Bailly (1756 - 1832)

Diogène, on le sait, logeait dans un tonneau ;
Du reste, une besace, un bâton, un manteau,
Et de ses biens voilà tout l'inventaire ;
Pour le dresser besoin n'est d'un notaire.
Si mon homme en cela se contentait de peu,
Il y trouvait du moins le nécessaire,
Et puis de pauvreté n'avait-il pas fait vœu ?
Mais abrégeons, plus de prologue :
D'un trait de sa morale ornons cet apologue.

On lit chez certain chroniqueur
Qu'achevant de manger un tronçon de laitue,
Notre philosophe moqueur
Vit dans le Céramique une riche Statue.
A ses pieds il tombe soudain,
En demandant l'aumône et lui tendant la main.
Comme il restait toujours dans cette humble posture,
Quelqu'un, témoin de l'aventure,
Lui dit : N'es-tu donc pas confus ?
Ce marbre est insensible, et ta prière est vaine.
- Je le sais, répond Diogène,
Mais je m'accoutume aux refus.

Savoir se suffire à soi- même,
Sans desirer ni craindre rien,
N'est pas, à mon avis, un si mauvais système :
Que de solliciteurs pourraient s'en trouver bien !

Livre IV, fable 5




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