Sous même toit logeait avec un Chat
Un jeune Chien, roquet de son état ;
Et nos deux commensaux aimaient les friandises.
Pour reliefs de perdrix ou de quelque autre plat
Sans cesse on les trouvait aux prises.
Certain Dogue édenté, le Nestor du quartier,
Veut un jour les rapatrier.
Il va les voir à part, confesse l'un, puis l'autre ;
Puis, balançant leurs torts, les sermonne si bien,
Que Minet le bon apôtre,
Et Ragotin le vaurien,
Se jurent paix éternelle,
Foi de Chat et foi de Chien ;
Ensuite un baiser la scelle.
Cet accord fait, le Dogue officieux
Les invite à dîner tous deux.
On suit volontiers le compère.
Ils se sont mis à table, et Dieu sait quelle chère !
Telles gens au dessert arrivent promptement.
Un os restait sans plus ; Minet adroitement
L'escamote, et déjà le porte à sa moustache,
Lorsque d'entre ses doigts l'autre glouton l'arrache.
C'est matière à nouveau combat :
Le Chien de fondre sur le Chat,
Et la grifse et la dent ont marché de plus belle.
En vain, pour contenir ces rivaux furieux,
Le pacificateur se jette au milieu d'eux ;
Il est compris dans la querelle.
Enfin, sanglant, percé de coups,
Il laisse le champ libre à nos deux adversaires.
- Entre méchants, dit-il, point de traités sincères ;
Et celui-là sans doute est le plus grand des fous,
Qui met le nez dans leurs affaires.