Le Candidat Augusta Coupey (1838 - 1913)

Un jeune candidat, d’un esprit très pratique,
Briguant les emplois, les honneurs,
Pour amorcer les électeurs
Leur exposait sa politique.

« S’il était élu député
« On aurait douze mois d’été,
« Du vin, des fruits en abondance,
« Les grains pousseraient sans semence ;
« En outre, les gens roturiers
« Nobles à trente-deux quartiers
« Seraient trois fois millionnaires ;
« Et, choses plus extraordinaires
« Qu’une merveilleuse saison,
« L’argent pour rien, l’or à foison,
« Le candidat au ministère
« On vivrait heureux sur la terre. »
Ces promesses faisaient l’affaire
De l’électeur. Archi-content,
L’acceptant,
Il fut élu, devint ministre.
Mais le pays qu’il administre
Ne vit pas poindre à l’horizon
L’été fleuri, le beau blason
Promis au pauvre prolétaire
Qui menaça le ministère
D’un renversement haut la main
Effectué le lendemain.
Le candidat loin de se pendre
Ou se cacher, alla reprendre
Ses harangues aux électeurs,
Leur promettant nouveaux bonheurs
Greffés sur sa candidature.
Froide était la température.
Nonobstant, à force de foi,
Bien que déçu le peuple-roi

Renomma l’homme à la faconde
Connu de cent mille à la ronde.

Promettez, promettez toujours
Dans vos populaires discours,
N’importe quoi ! le ciel ?… la lune ?…
La plus incroyable fortune,
Et vous verrez vos hameçons
Ployer sous charge de goujons.

Livre III, Fable 13




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