Le long des bords de la rivière,
Où l’eau coulait profonde et claire,
Deux cormorans cherchant butin
Ne pêchaient que menu fretin.
Le plus jeune changeait de place.
Pour mieux guetter à la surface,
Brochets, anguilles, carpillons,
Et ne happait que des goujons.
Dépité d’une maigre aubaine
Rémunérant si mal sa peine
Il abandonna le festin
Et partit l’estomac à jeun.
Le vieux cormoran immobile,
Regardait se suivre à la file
Sardinettes, perches, anchois,
Petits poissons, rebuts du choix,
Mais avant-coureurs de la truite
Qui par le doux courant séduite,
Arrivait nager dans les flots
Écumant autour des bachots.
Lorsqu’il la vit raser la rive
Le bon pêcheur la croqua vive.
Lecteurs impatients,
Inquiets et changeants,
Cette fable vous fait entendre
Que l’on gagne à savair attendre.