Un pêcheur, qui parcourait le bord de la mer, prit un jour au bout de sa ligne un petit poisson bon à frire. Le pauvre carpillon frétillait et le suppliait : « Que feras-tu de moi ? combien me vendras-tu ? j'e suis si petit ! ma mère vient de me mettre au monde dans les algues de ce rocher. Laisse-moi aller aujourd'hui ; à quoi bon me tuer ? Plus tard, quand je me serai bien nourri d'algue marine, que je serai devenu grand et digne de la table d'un riche, reviens ici, tu me prendras. » Ainsi le carpeau priait, gémissait et sautillait. Mais il ne devait pas attendrir le vieillard, qui lui dit, en le perçant d'un jonc pointu : « Bien fou celui qui lâche le peu qu'il tient pour courir après un peut-être. »