L’Âne assommé par son Maître Baron de Stassart (1780 - 1854)

Au sein d’un modeste héritage
Vivait, depuis vingt ans, en loyal serviteur,
Un âne chez un laboureur.
Chardons lui suffisaient, sans frais pour le ménage.
Au marché, tous les jours, il allait de grand cœur
Avec les fruits du jardinage;
Et, le dimanche encor, malgré tous ses travaux,
Joyeux, il portait sur son dos
La femme ou les enfants jusqu’au prochain village.
Cependant il gagnait de l’âge…
Un jour, jour affreux à jamais!
Un monstre, je veux dire l’homme,
Voit l’une fléchir sous le faix.
Loin de le ménager, aussitôt il l’assomme:
Notre pauvre animal mourut sous le bâton…
Il alla s’en plaindre à Pluton.

Héros (de l’âne à vous, bravant la bienséance,
Puis-je ainsi franchir la distance?
A tout hasard j’en demande pardon)
Héros qui consacrez vos talents, votre vie
Au service de la patrie,
On applaudit beaucoup à vos soins généreux ;
Vous ferez bien pourtant d’être toujours heureux,
Car au moindre revers chacun vous humilie.
Les services les plus nombreux
Ne peuvent étouffer les clameurs de l’envie.





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