Le Chien trompé Charles Perrault (1628 - 1703)

Un chien traversant un ruisseau,
Dans sa gueule, en nageant, emportait de la viande.
Comme elle se mirait dans l’eau,
Il crut en voir un bien plus gros morceau,
Et d'une chair plus belle et plus friande :
Lâchant donc ce qu'il emportait,
Il lance sa machoire avide
Sur ce que l’eau représentait,
Et sa dent ne porta qu’a vide.
« Juste ciel ! dit-il, à quel point
Manqué-je aujourd’hui de cervelle !
Pour une chose qui n’est point
Je quitte une chose réelle. »

Qui laisse l’assuré pour prendre l'incertain,
N’a pas le jugement bien sain.

Livre II, fable 12


Note de l'auteur : Est-il raisonnable, par exemple, celui qui, possédant une fortune médiocre, mais assurée, la joue contre une fortune plus considérable, mais incertaine ?

Commentaires