Un homme fat mordu par un chien furieux, ~~
Le sang abondamment sortait de la blessure.
On accourt, on s’empresse autour du malheureux,
Et chacun de donner son avis sur la cure.
Un quidam prétendit que le meilleur moyen,
En cas pareil, était de prendre,
Pour éviter la rage, un morceau de pain tendre,
D’en éponger la plaie, et le jeter au chien.
« Ah ! dit le patient, que Dieu me soit en aide!
Grand merci du conseil, voisin ; mais, par ma foi !
Si j'employais votre remède,
Tous les chiens du quartier viendraient fondre sur moi. »
Il est certains esprits, amoureux du désordre,
Qui contre tous montrent les dents,
Et font le vil métier d’aboyer et de mordre.
Mépris et honte aux impudents !
Mais applaudir4 leur audace,
Mais donner une prime a leur indignité,
C'est vouloir que maint autre, accourant sur leur trace,
Crie et morde comme eux, par l'exemple excité.