« Mouche à miel, » dit la Poule oiseuse,
« Je te le dis, mais c'est en vain !
En tout temps tu fus paresseuse,
Et du travail tu ne sais rien.
Le plaisir est ta seule excuse,
Sucer les fleurs : a h! c'est charmant ;
Tirer le suc, cela t'amuse,,
Tu fais bien, j’en ferais autant,
Pour qui se donner tant de peine,
Tu n’as besoin de ce tracas;
Nous fournissons pour la semaine,
Des œufs d'une grosseur, hélas !
« Arrête-la ton persifflage, »
Dit la Mouche à miel ; « mon devoir
N'a besoin de ce caquetage,
Que nous débite ton savoir,
Tu me crois sans intelligence:
Dans 1a roche est mon argument;
Et l'on peut dire en conscience,
Qui de nous est le fainéant.
Quand sur les fleurs le vol nous guide,
Nous ne distillons pas de fiel ;
Et plus d'une langue perfide,
Se rafraichit de notre miel.
Si nous travaillons en silence,
En ramassant des fleurs le jus,
Sans nous enrouer en cadence,
Dans notre nid d'un bruit confus.
Reçois l'avis que je te donne,
Nous haïssons tout faux semblant ;
Qui veut nous connaitre en personne,
Voit nos travaux d'un œil prudent.
Munis d’un dard dont la nature.
Nous indiqua de corriger,
Les ignorants de ton allure ;
Il est donc temps de t'en aller. »
Oh ! railleurs remplis d'amour-propre,
Qui honnissez la poésie;
Ce tableau est-il donc impropre,
Pour répondre à votre ironie ?
De la Poule acceptez la place ;
La fable alors se justifie ;
Et dans le portrait qu'elle en trace,
Fait ressortir votre ineptie.
La poésie à quoi sert-elle ?
— Elle instruit, mais ne s'apprend pas,
Et dit aux faquins sans cervelle,
La vérité dans plus d’un cas. -