Le Gendarme et l'Homme du peuple (Le Corbeau et le Renard) Eugène Desmares (1806 - 1839)

Maître gendarme, un jour, sur son cheval perché,
Avait à la bouche l'injure ;
Maître ouvrier, par sa morgue alléché,
Disait en voyant sa figure :
Bon gendarme, bonjour ! que vous me semblez beau !
Vous êtes magnifique en culotte de peau !
Sans mentir, si votre courage
Répond à tout cet étalage,
Vous êtes le plus beau des gendarmes du roi.
Aces mots, le gendarme, heureux de faire un crime
Ainsi que le veut son emploi,
Tire son large sabre et frappe sa victime.
Le peuple le renverse, et dit : mon bon ami,
Apprends qu'un loyal ennemi
Doit respecter un ennemi sans arme ;
Va, le sang veut du sang ! donne le tien, gendarme !
Le gendarme, voyant ses efforts superflus,
Jura, mais un peu tard, qu'il ne sabrerait plus.

Livre I, Fable 2


Réécriture de Le Corbeau et le Renard

Commentaires