L’Avare et son Fils François-Joseph Terrasse Desbillons (1711 - 1789)

Un Avare avait serré d’excellents fruits dans un endroit retiré de sa maison ; mais il voulait qu’on n’en servit aucun sur la table, qui ne fût gâté par la pourriture. Son Fils, qui ne souffrait cela qu’avec beaucoup de peine, voyant que ses remontrances étaient inutiles, trouva moyen de pénétrer dans le magasin ; il eut soin même d’y mener avec lui deux de ses amis. Les gaillards ne manquent pas de prendre ce qu’ils trouvent de meilleur et autant qu’ils en peuvent emporter.
Le Père, instruit du fait, se fâche contre son Fils et lui reproche le dégât dont il est l’auteur. Celui-ci, après avair tout avoué, lui dit : Quel tort vous avons-nous fait ? Vous ne mangez que des fruits pourris et nous, nous n’en avons mangé aucun qui ne fût sain.
Celui là ne perd rien, qui perd un bien dont il ne fait pas faire usage.

A mettre en perspective avec la fable de Florian, du même nom