Le jeune Bacchus et le Faune Franz Hermann Lafermière (1737 - 1796)

Bacchus, encore au printemps de son âge,
Du bon Sylene aimable nourrisson,
Des Muses, au fond d'un bocage,
Répétait la docte leçon.
Sylene l'écoutait, assis sur le gazon.
Un chêne au loin répandait son ombrage ;
L'enfant chantait, et sous l'épais feuillage
Les oiseaux attentifs, respectant sa chanson,
Suspendaient leur ramage.

Auprès du chêne se tenait
Aux aguets un Faune, qu'éveille
Le désir qui l'aiguillonnait,
De rire un peu de la merveille
Que toute la terre vantait.
Avec soin il prête l'oreille
Aux vers que le Dieu répétait,
Et saisissant chaque méprise,
Il regardait d'un œil malin
Le bon Sylene à barbe grise,
Et riait de la balourdise
Dite par l'Ecolier divin.
Les Nymphes, les Hamadriades,
Assises plus loin à l'écart,
Riaient aussi des incartades
Que le Faune badin faisait au bon Vieillard.
Enfin le jeune Dieu s'aperçut de la chose,
Du rire devina la cause,
Vit le Faune, prit de l'humeur
Et gourmanda l'Epilogueur.

C'est une sottise assez haute
D'oser rire, dit-il, du fils de Jupiter.
Le Faune, avec un front de fer,
Reprit : et pourquoi donc le fils de Jupiter
Ose-t-il faire quelque faute ?

Fables et contes dédiés a Son Altesse Impériale Monseigneur le Grand Duc, Livre II, Fable VII




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