Un satyre sous une treille
Grugeait une grappe vermeille.
Un vieux faune, accablé d'ennui,
Était assis auprès de lui :
Hélas, ma nymphe est infidèle,
Ma nymphe me trahit, hélas !
Disait-il, et je n'aimais qu'elle !
Ami, l'amour n'existe pas.
C'est vrai, répondit le satyre,
Je ne veux pas te contredire.
Laisse-moi de ce fruit divin
Savourer jusqu'au dernier grain ;
Laisse-moi dépouiller cette grappe qui pleure,
Et je vais crier tout à l'heure
Qu'il n'existe pas de raisin !
Le renard du bon la Fontaine
Qui trouvait les raisins trop verts
Eût pu nier le fruit précurseur des hivers,
S'il eût connu l'aplomb de la sottise humaine.
Nier ce qu'on n'a pas, ce qu'on ne comprend pas,
De ce qu'on a perdu contester l'existence,
Insulter le bonheur qui de nous suivre est las
A cause de notre inconstance,
Jeter lâchement des cailloux
Sous les pieds de celui qui marche mieux que nous,
S'arroger l'insolence au nom de la franchise,
De nos erreurs, de notre fiel
Rendre responsable le ciel,
Tout cela n'a qu'un nom : Bêtise !
Symbole :
Croire à la réalité de tout ce qui est bon, même dans les formes les plus passagères de la vie. Un verre d’eau qu’on nous présente quand nous avons soif mérite la vie éternelle, a dit le grand initiateur, il est donc d’un prix infini, comme tout ce qui vient de Dieu.