La Nuit et le Jour Éliphas Lévi (1810 - 1875)

La nuit, nourrice des étailes,
Qui dérobe son front sous un long manteau noir
Et seulement laisse entrevoir
Un sein rendu plus blanc par l'ombre de ses voiles,
La reine des troupeaux dormants,
Aux toisons de lumière, aux yeux de diamants,
La confidente d'Uranie,
Disait au Jour naissant : - Dévastateur cruel,
Viens-tu pour effacer du ciel
Ces constellations qui parlent au génie ?
Viens-tu pour éclipser ce nom mystérieux
Formé par les clous d'or qui retiennent les cieux ?
Es-tu l'impiété ? – Non, je suis la lumière,
Répond l'aube sereine en grandissant toujours,
Les flambeaux de la Nuit ont fourni leur carrière,
Faites place à celui des jours.
- Mais, répond en fuyant la Nuit échevelée,
Quand l'immensité désolée
Perdra dans un triste réveil
Les perles, les rubis de mon collier sublime,
Pour couronner le juste et dénoncer le crime
Que lui rendras-tu ? – Le soleil.

La superstition s'affaiblit et s'efface,
Que pourrons-nous mettre à sa place ?
Demande le vulgaire avec anxiété.
- Pauvres hommes ! – La vérité !

Livre V, fable 9


Symbole : Ne jamais craindre de banqueroute dans la maison de Dieu, c’est-à-dire ne jamais croire qu’il n’y a plus de religion dans le monde et que la vérité s’en va.

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