Le premier Jour de l'an Joseph Barthélemy de Feraudy (1762 - 1831)

Dans la lune on se sert aussi de longue vue,
Et ce qu'on fait chez nous se voit très- clairement,
Pourvu toutefois que la nue
Ne cache pas le firmament.
L'astre qui répand la lumière
Ayant terminé sa carrière,
D'un tropique à l'autre un matin
Recommençait sont éternel chemin,
Lorsque, braquant sa lunette,
De la lune certain savant
Sur la terre aperçut un si grand mouvement,
Qu'il semblait que chacun avait perdu la tête.
Il crut d'abord que pour se visiter
Les gens se mettaient hors d'haleine ;
Mais voyant que c'était afin de s'éviter
Qu'ils se donnaient autant de peine :
Ces gens, s'écria-t-il alors,
Qui font là-haut les bons apôtres,
Ont l'air de faire leurs efforts
Pour se tromper les uns les autres.
Vous l'avez deviné, répondit un quidam ;
Et la majorité de cette sotte engeance,
Sous ce rapport, passe et termine l'an
Comme elle le commence.

Livre II, fable 65




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