DEUX FABLES SUR CETTE HISTOIRE
La Poule aux œufs d'or
Une poulette grise, ou peut-être brunâtre
Ou bien les deux, qui sait, mais ça n’importe peu
Car dans ce conte-ci, elle finit dans l’âtre,
Dans le pot, dans le feu.
Et pourtant on raconte à qui veut bien l’entendre
Que l’oiseau sans orgueil, ni merle ni condor,
Nous pondait chaque mois (cela peut vous surprendre)
Quelques petits œufs d’or.
Vous m’avez entendu, oui, c’est ainsi, madame,
Accordez-moi crédit, et vous aussi, monsieur,
Jamais ne mentirais, et c’est sans état d’âme,
En regardant les cieux,
Que solennellement, je vous fais la promesse,
Que j’ai croisé, ou plus, que j’ai vu de mes yeux,
Ce modeste trésor, ce début de richesse,
Ces quelques petits œufs.
Ces bijoux que j’évoque, une dizaine à peine
Auraient pu devenir, tout naturellement,
Vingt, trente et même cent, peut-être cent douzaines,
Assez facilement,
Si l’on avait laissé en paix cette pondeuse,
S’occuper, chaque jour, chaque nuit, s’affairer
Comme ses jeunes sœurs, à jouer les couveuses
Sur ses beaux œufs dorés.
Mais voilà, le fermier, voulait, bien davantage,
Et tout de suite aussi, sans attendre des jours,
Encore moins des ans, toucher son héritage,
Car ce bon gros balourd
Avait imaginé, dans sa maigre caboche
Que l’oiseau, sous ses plumes, abritait un trésor ;
À l’aide du couteau qu’il gardait dans sa poche,
Tua la poule aux œufs d’or.
Nous avons deviné, tous autant que nous sommes,
Que le pauvre poulet, n’avait pour tous boyaux
Que chair, sang et gésier, et pas le moindre atome
D’un quelconque joyau.
C’est ainsi que l’idiot, la lame maculée
Dit adieu, coup sur coup, à l’oiseau généreux
Puis à ses rêveries, à jamais envolées
Dedans le pot au feu !
Si quelque don t'échoit, mon ami, il t'incombe
De le laisser grandir, de le laisser pousser,
D’en jouir chaque jour, de l’aurore à la tombe,
Oui mais sans te presser.
La Poule aux œufs d'or 2
Une poulette grise ou brune
Mais la couleur importe peu
Peut-elle faire la fortune
D'un paysan peu courageux.
Qui rêvait en pleine journée
De découvrir un gros trésor
Dedans celle qui était née
Pour pondre de jolis œufs d'or.
D'or, d'or, d'or,
Dors, belle poulette
Sur tes jolis œufs d'or.
D'or, d'or, d'or,
Dors, poule adorée
Sur tes beaux œufs dorés.
Ce gros sauvage sans jugeotte
Avait sans doute imaginé
Dedans sa tête de linotte
Qu'il pourrait bien vite amasser
Une fortune sans limite
S'il découpait le petit corps
De celle qui pondait, maudite
Chaque jour de jolis œufs d'or.
D'or, d'or, d'or,
Dors, belle poulette
Sur tes jolis œufs d'or.
D'or, d'or, d'or,
Dors, poule adorée
Sur tes beaux œufs dorés.
Il sortit son couteau, sa lame,
Et dépeça le pauvre oiseau
Mais, Dieu ait pitié de son âme,
Il n'y trouva que des boyaux.
Ainsi le triste sacrifice
Fut inutile. Il eut grand tort
De négliger les bénéfices,
Les dons de la poule aux œufs d'or.
D'or, d'or, d'or,
Dors, belle poulette
Sur tes jolis œufs d'or.
D'or, d'or, d'or,
Dors, poule adorée
Sur tes beaux œufs dorés.
Il existe une chanson sur ces textes. La seconde a été mis en musique pour chorale à quatre voix SATB. Notez la présence d'un refrain. Ce texte refrain l'idée de la version 1, en allant à l'essentiel.