« Ai-je bien entendu, tous deux, faire la course ?
Ne voyez-vous donc pas ma force, mon ami,
Ne connaissez-vous point du lièvre les ressources ?
Autant se disputer avec une fourmi...
Puisque vous insistez, d'accord, monsieur Tortue,
Nous prendrons le départ sitôt midi sonné.
Si cela vous convient, la chose est entendue,
Le meilleur de nous deux sortira couronné. »
L’attente est brève car l'heure du départ, proche,
Chacun des deux amis, pour un temps, ennemis,
Entendent au lointain les douze coups des cloches
Et prennent position, tout du moins à demi,
Car le lièvre, certain de sa gloire prochaine
Concède à son rival, une bonne longueur
D'avance et s'en revient, chez lui, la mine hautaine.
Mais l'autre, quant à lui, file plein de vigueur.
Pour être honnête et franc, avec ses grandes pattes,
Il est presque impossible au cousin du lapin
De perdre la partie et de se faire battre,
Autant prendre le temps de terminer son pain.
Un rapide coup d'œil du côté de la course,
Pour voir le tortillard, marcher plus que courir ;
Autant s'allonger là, tout prêt de cette source
Pour une brève sieste avant de repartir.
Pour Tortue la course est perdue d'avance
Tandis que le champion, refusant le combat
Se lève lentement, toujours plein d'arrogance,
Et pourtant l'arrivée approche à petits pas,
Une dernière fois, on s'étire et on baille ;
Il est temps maintenant de fournir son effort,
De s’en aller chercher cette lâche médaille,
De montrer à chacun qui donc est le plus fort.
Avez-vous vu Tortue, avec sa carapace ?
Soudain notre rongeur n’est plus si sûr de lui,
L’adversaire a gagné un clair et grand espace,
Alors qu’on aperçoit la fin de ce circuit.
Le lièvre, si puissant, n’est pas très perspicace,
Et bien que mieux loti, il termine battu.
« Rien ne sert de courir, mieux vaut être efficace »,
Rappelle le gagnant, qu’on soit lièvre ou tortue...
Il existe une chanson pour enfants, sur ce texte.