L’Aigle et l’Hirondelle Jean Guillaume Hillemacher (1784 - 1867)

Le roi des airs, l’aigle majestueux
Après avoir, d’un vol impétueux.
Traversé le désert et ses sables arides.
Repliant ses ailes rapides,
S’arrête sur un pic d’où son regard perçant
Découvre un horizon immense.
« De ce côté, se dit-il, est la France
Où jadis on m’honorait tant!
Ses guerriers sur mes pas couraient à la victoire,
Et mon image était un symbole de gloire.
Déchu de ces honneurs, que m’importe aujourd’hui
Que sur d’autres drapeaux cette image encor brille?
Ils ne sauraient de même illustrer ma famille,
Et ne peuvent dès lors soulager mon ennui.»
Une hirondelle aventurière,
Depuis peu de retour de nos âpres climats,
Entendant ces soupirs, se rapproche de l’aire
Où l’aigle était perché, morose et solitaire,
Lui disant : « Monseigneur, ne vous désolez pas :
En France voire image a repris son prestige;
Si vous doutez de ce prodige, Allez-y voir… »
Et l’aigle vers les cieux
S’élance dans l’espace et disparaît aux yeux.

Tel dans un vieux manoir rustique
Végétait un débris des héros d’Austerlitz,
Qui, peu courtois envers la République,
Attendait son trépas à ses rêves promis.
Le Moniteur est l’hirondelle
Qui vient un beau matin lui porter la nouvelle
Après laquelle il soupire en secret.
Redressant sa moustache et tendant le jarret,
Il part, dans un transport impossible à décrire.
Pour venir saluer l’Empereur et l’Empire.

Contes, fables et poésies, 1864




Commentaires