À Paris une Courtisanne
S'enrichissait par ses plaisirs.
De la philosophie un éloquent organe
Lui faisait entrevoir l'âge des repentirs,
De la vertu vantait les charmes,
Du monde déprisait les vains amusements,
Disant enfin que son printemps
A l'arrière saison couteront quelques larmes.
Eh bien, mon beau prédicateur.
Dit elle, est-ce la fin de vôtre litanie
Calculons maintenant ce que vaut mon honneur !
« Je vois très bonne compagnie
J'ai de l'argent, un hôtel, des chevaux ;
Pour mes gens très bonne maitresse
Fidèle à mes amis et même à mon amant
Je fais de la dépense et paye exactement.
Je sais respecter ma promesse.
Je suis l'hiver en ville, en campagne l'été
Ce n'est pas être malheureuse,
J'ai mes droits comme une autre à la société
Qu'aurais je donc de plus si j'étais vertueuse ?
S'il était un pays ou l'on en fut venu
A traiter l'honneur de chimère,
Et le dogme sacré de principe arbitraire,
Quel rôle y jouerait la vertu ? »