De singer le soleil, ce roi de l'univers,
Un jour à madame toupie
Il passa par la fantaisie,
Et, comme le grand astre, en des cercles divers
Promenant sa masse arrondie,
Avec orgueil elle s'applaudissait,
S'inclinait et se redressait.
Aux mouches d'alentour son regard s'adressait :
« Comme seigneur soleil je parcours mon orbite,
Disait- elle, et je crois aller même plus vite.
Je suis l'astre de ce canton :
Que l'on me rende un juste hommage !
Par mon chemin marquant chaque saison,
Que vos savants observent mon passage ! »
Lors un tout petit moucheron,
Bien petit, mais instruit et sage,
Avec un air de respect s'approchant,
Dit : «j'y consens, serai ton astronome,
« Quoique tu ne sois qu'un atome,
Que ton cours long d'un pied, ne dure qu'un moment ;
De ce que tu produis, mais veuilles bien m'instruire.
Rouler, courir, s'agiter, ne sont rien ;
Nous reconnaîtrons ton empire
Si tu sais faire un peu de bien.
Le soleil, en son cours, féconde, échauffe, éclaire ;
Chaque jour la nature entière,
De l'aurore jusqu'à la nuit,
Lui doit quelque fleur, quelque fruit.
Mais tu tombes déjà sans avoir rien produit,
Et tu n'as fait que sillonner la terre ! »
Le jour où tu naquis, enfant, va revenir ;
Il te faut, en ce jour, rendre un compte sévère
Du temps que tu viens d'accomplir.
Quelque étroite que soit la sphère
Où de notre destin se renferme le cours,
Tu peux par des progrès consacrer tous tes jours.
Je t'en conjure, que ta vie
Du mouvement de la toupie
N'imite pas la vaine ardeur !
Tu... n'aurais pas vécu ! Ton esprit et ton cœur,
D'un trésor abondant de vertus, de lumière,
Doivent, chaque saison, enrichir ta carrière.
Tâche de devenir meilleur,
Et ton année aura compté pour ton bonheur.