Les nuages, les vents, tinrent un grand conseil :
Il y fut résolu d'obscurcir le soleil
Afin d'intercepter ses rayons, sa lumière,
Pour espérer régner et dominer la Terre.
On vit alors les Vents s’empêcher de souffler,
Les Nuages au ciel s’unir, s'amonceler,
En amas inquiétants, en gigantesques formes,
Rassemblés, cumulés en montagnes énormes.
Ils croyaient voir bientôt les hommes s'amoindrir,
En esclaves enfin, se soumettre, obéir.
Mais, dardant sa lueur sur leurs voiles funèbres,
Le soleil, d'un regard, dissipa les ténèbres,
Et, pour mieux féconder les bois et les côteaux,
Convertit, tout à coup, les nuages en eaux,
Nourrissant les forêts, les sols, par bienveillance,
Montrant aux éléments, l'éclat de sa puissance.
On voudrait que toujours, ainsi, la vérité,
Triomphe du mensonge et de la vanité.
On voudrait que toujours, orgueil et artifice
S’écroulent bel et bien comme un frêle édifice.
Inspiré d’Eugénie et Laure Fiot, Fables nouvelles, Les nuages et les vents, 1851