Les deux Souris Jean-Baptiste Voinet (1976 - ?)

De deux jeunes souris, deux simples souris blanches
Dénonçons aujourd’hui les bas agissements,
Vous verrez ci-dessous, par un effet de manche,
Une étonnante affaire et un revirement
De situation. Sans qu’on y prenne garde,
Les excès opposés causent même tourment ;
Des deux bêtes, ici il faut que l’on regarde
Les gestes et les faits et leurs enchaînements.

Ces souris étaient sœurs, quoique très différentes
Toutes deux avaient fait, chacune en sa maison
Par un travail ardu récoltes abondantes :
Des fruits autant qu’on put, du lin, du blé, du son.
Chez l’une, les amis faisaient visites rares,
Contempler son trésor était tout son plaisir,
Très peu dépensière, elle devint avare,
Puis elle se priva et finit par mourir.

L’autre souris, sa sœur, était seule héritière,
Elle ouvrit sa maison, son logis aux amis ;
Comme elle possédait une âme dépensière,
Il ne lui resta plus, bientôt, le moindre fruit.
Ces rongeurs invités, en la voyant réduite
À demander de l’aide à son tour aux cousins,
Ces faux amis d’un jour prirent alors la fuite,
Et l’on dit adieu à ces mauvais voisins.

La souris s’en alarme et puis s’en désespère,
Celle qui partagea son bien entièrement,
Bientôt tombe malade et meurt dans la misère.
Les excès opposés causent même tourment.

Décembre 2022


Inspiré des fables nouvelles d’Eugénie et Laure Fiot, 1851
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6135040b/f17


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