Par un long travail, deux souris
Avaient, chacune en son logis,
Fait des récoltes abondantes,
De quoi vivre pendant un an.
Toutes deux étaient sœurs, quoi très différentes
De mœurs, de conduite et de plan.
Chez l'une, les amis faisaient visites rares ;
Car elle était des plus avares.
Contempler son trésor était tout son plaisir.
Elle vivait dans la détresse,
Au sein même de sa richesse ;
Elle se priva tant qu'elle se fit mourir.
Voilà l'autre sœur héritière !
Soudain la souris dépensière
Ouvrit sa maison aux amis ;
Il en vint de tous les pays ;
Elle fut par eux assiégée
Et rongée.
Chacun protestant tour-à-tour
Et de dévouement et d'amour :
Mais la provision dut bientôt dépensée
Et des amis d'un jour la cohorte empressée
Loin de venir à son secours,
En la voyant ainsi réduite,
Prit la fuite
Et pour toujours.
La souris, qui s'en désespère,
Bientôt tombe malade et meurt dans la misère.

Les excès opposée causant même chagrins
Aboutissent aux mêmes fins.

Fables nouvelles, Livre I, Fable 9, 1851




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