Un-voyageur français, qui s’était égaré
Dans les sables de la Libye,
Brisé par la fatigue et de soif dévoré,
Enfin près de perdre la vie ;
Arriva prés d’un puits dont le bord entouré
De sycomores, de platanes,
Servait de halite aux caravanes.
Quand il s’y fut désaltéré
Ne voyant pas de fruits sur les branches-voisines,
A terre il chercha des racines ;
Mais voila que dans l'herbe il trouve, en se baissant,
Un petit sac de cuir, il le tâte, il y sent
Des dattes, semble-t-il, ou bien des avelines.
« C’est, dit-il, un mince régal,
Et je m’arrangerais d’un repas moins frugal ;
J’en rends grâces pourtant aux puissances divines :
A ventre affamé tout est bon,
Et faute de grives, dit-on,
Il faut se contenter de merles. »
Disant ces mots, du sac il’ coupe Je cordon,
Et, plongeant la main jusqu’au fond,
« Hélas ! s’écria-t-il , ce ne sont que des perles ! »

Livre I, Fable 23, 1856




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