Ne rougis pas Cloris du tendre, nom de mère,
Ton enfant périrait au sein d'une étrangère,
J'ai cueilli ce bouton, mais puis-je ranimer
Ce suc vivifiant qui le faisait germer ?
Dans ce vase élégant, où sa tige épineuse
Conserve par tes soins l'existence trompeuse,
Il doit sous peu d'instants voir flétrir ses appas ;
la sève, ce beau sang des doux enfants de Flore,
Sans lequel une fleur meurt et se décolore,
A cessé de couler dans ses canaux secrets,
Il est déjà flétri ; Cloris, de vains regrets
Ne sauraient réparer un malheur qui t'afflige,
Il eut fallu laisser ce bouton sur sa tige ;
S'en séparer, pour lui ce fut le coup mortel.
La tige d'un enfant, c'est le sein maternel.

Fable 42




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