L'Aiglon blessé Alfred de Montvaillant (1826 - 1906)

Fier de porter un jour a ses pieds le tonnerre,
Un aiglon radieux s’agite dans son aire
Et médite déjà, dans son vol incertain,
Et l’éther bleuissant et l’horizon lointain.
Bientôt, puisant dans l’air une ivresse inconnue,
Sa plume s’ouyvrira son chemin dans la nue.
I] livre au gré du vent son essor voyageur...
Mais il tombe blessé sous le plomb du chasseur.
Son œil rouge et brûlant dévore la carrière,
Son bec sanglant ne peut que mordre la poussière.
Où sont-ils les transports qu'il ressentait au nid !
Tantale impétueux, pour lui tout est fini.

Que d’étres Maufragés sur la terrestre rive
Elévent comme lui, la-haut, leur voix plaintive,
Et du sol ot le sort, hélas ! les a jetés,
Trainant le plomb fatal de nos réalités,
Pleurent cet idéal que rêva leur aurore,
Dont la blanche lueur n‘apparait pas encore.





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