Les deux Plaideurs Alfred de Montvaillant (1826 - 1906)

A l’amiable il vaut beaucoup mieux s’arranger,
Que d’avair un litige et le faire juger.
Car on perd son temps et sa peine.
De Cacus, la caverne était d’ossements pleine.
Le palais de Thémis est un antre aujourd’hui,
Et par l’or seulement on y trouve un appui.
Entre deux paysans voisins, c’étaient des guerres,
C’était un champ que l’un à l’autre disputait,
Le temps de la moisson vint, les deux adversaires
Sont appelés où le litige se portait.
Le plus sensé dit : crois-moi, Pierre,
Sur tout cela, fais la lumière.
Va chez le juge, seul, tu plaideras pour moi ;
En tout je m’en rapporte à toi.
Moi, je moissonnerai pour tous deux ; Pierre n’ose
Opposer son refus, il plaida bien la cause
De son voisin, il fut impartial,
Et perdit son procès devant le tribunal.
On t’a donné raison, dit-il à l’adversaire :
C’est à toi que revient la terre.
Eh bien, mon avocat, le bien m’est adjugé.
Qu’il soit, si tu le veux, entre nous partagé.
C’est ce que nous aurions dû faire
Dès le début de cette affaire.
Ils vécurent depuis ce jour en bons voisins :
Tous les plaideurs ne sont pas aussi fins.





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